Comprendre les enjeux méditerranéens
Adapté constamment aux besoins émergents de la région, le travail du CIHEAM se concentre sur quatre enjeux fondamentaux: la protection de la planète, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, le développement inclusif et la résilience face aux crises et aux tensions.
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Lutter contre toutes les formes des gaspillages
Les pays méditerranéens produisent plus avec moins de ressources. Dans ce contexte, la question des déchets et des pertes devient fondamentale pour les politiques de sécurité alimentaire. Cette question devrait être traitée sous ses dimensions sociale, économique et environnementale. En effet, l'analyse combinée des ressources naturelles, de la production et des connaissances permet de lutter contre les déchets et les pertes à partir d'une perspective de développement durable qui donne priorité à l'être humain.
La lutte contre les déchets constitue un levier pour la coopération méditerranéenne. Les ressources en eau et les terres, la biodiversité, les forêts et les richesses marines de la Méditerranée doivent être protégées.
Nous devons également lutter contre les déchets qui se produisent le long de la chaîne alimentaire et contre le gaspillage des connaissances, car il est essentiel de préserver et valoriser les connaissances et les savoir-faire traditionnels. -
Sécurité alimentaire et nutritionnelle
L'agriculture et la pêche sont décisives pour les sociétés de la région. En raison de la croissance démographique, en 2020, il y aura environ 530 millions de personnes à nourrir en Méditerranée. L'agriculture reste un facteur économique majeur dans la région, puisqu'elle emploie un tiers de la population active dans la majorité des pays.
Globalement, le secteur représente plus de 10% du PIB dans de nombreux États et les produits agricoles représentent en moyenne 10 à 25% des échanges commerciaux de plusieurs pays méditerranéens. La Méditerranée est l'une des régions les plus vulnérables au changement climatique et devrait devenir encore plus chaude et plus sèche qu'elle ne l'est déjà.
Ces phénomènes ajoutent à la complexité de la situation déjà vulnérable de l'agriculture méditerranéenne qui peine à accroître la quantité et la qualité de la production tout en préservant les rares ressources naturelles. -
Développement inclusif
Les pays méditerranéens disposent de forts atouts humains, économiques et agricoles. Malgré les inégalités existantes, une série d'indicateurs économiques, sociaux et démographiques montrent une amélioration générale du niveau de vie, mais il existe encore de grandes disparités entre les pays mais aussi au sein des pays eux-mêmes. Dans ce contexte, les pays méditerranéens partagent un problème commun: la migration des jeunes qui est un vrai gaspillage de ressources humaines.
Le développement inclusif garantissant la cohésion sociale et territoriale est une priorité absolue. Il est donc important de considérer les zones agricoles et rurales comme des secteurs stratégiques pour la croissance économique et la stabilité politique. En plus de l'alimentation, ces secteurs offrent des emplois et contribuent à la stabilité des zones rurales fragiles où des politiques plus inclusives (sociales et économiques) doivent être mises en oeuvre. -
Crises et résilience
La région détient certains des récords mondiaux en termes de conflits, d'insécurité, de croissance démographique, de chômage, de migration, de dépendance alimentaire, de rareté et d'épuisement des ressources naturelles et d'impacts inattendus du changement climatique. Le déplacement actuel des populations nous oblige à voir ce phénomène comme un double défi. Premièrement, nous devons gérer la crise humanitaire. Deuxièmement, nous devons penser à un avenir plus lointain et identifier les instruments les plus efficaces pour atténuer les tensions en Méditerranée sur le long terme. L'insécurité liée à l'eau, à la terre et au climat est indissociable des migrations économiques et sociales et des problèmes environnementaux.
Dans un contexte marqué par l'intensification des échanges commerciaux, de la mobilité des populations et des biens et du changement climatique, les cultures agricoles deviennent de plus en plus vulnérables aux parasites et aux maladies. Ceci a un impact sur les secteurs clés de l'économie et présente une série de risques émergents. La prévention et le contrôle des maladies animales et végétales, la surveillance épidémiologique et les échanges d’informations sur la santé animale et végétale en dehors des frontières de chaque pays sont plus que jamais indispensables à la production locale, à l’exportation et à l’importation.
La majorité des pays dépendent des importations de produits agricoles. Cela les rend particulièrement vulnérables à la volatilité des prix alimentaires internationaux. Les actions nationales et internationales peuvent viser à atténuer la volatilité des prix des denrées alimentaires et ses impacts sur les populations vulnérables. Sur le long terme, il est crucial d’investir dans la croissance et la résilience de la productivité agricole pour lutter contre la volatilité des prix des denrées alimentaires. Les réseaux régionaux axés sur les produits stratégiques et la promotion des associations de producteurs sont donc essentiels.