Modernisation de l’agriculture algérienne : le CIHEAM réaffirme son appui
Alger, 27-28 octobre 2025


Membre du CIHEAM depuis 1986, l’Algérie engage aujourd’hui une nouvelle étape dans la modernisation de son secteur agricole, faisant de la recherche scientifique, de la numérisation et de l’investissement durable les piliers de sa stratégie nationale en faveur de la sécurité alimentaire. La Conférence nationale sur la modernisation de l’agriculture, organisée les 27 et 28 octobre 2025, a rassemblé les principaux acteurs institutionnels, scientifiques et économiques du pays, ainsi que des experts internationaux, autour d’un objectif commun : renforcer la souveraineté alimentaire nationale. Présidée par M. Yacine El Mahdi Oualid, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, en présence de plusieurs membres du gouvernement, cette rencontre a également donné lieu à des ateliers thématiques dont les conclusions et recommandations ont été rendues publiques.
Une participation active du CIHEAM aux travaux de la Conférence

Le CIHEAM a pris part à cet événement à travers une délégation composée de Mme Mara Semeraro, responsable scientifique principale (Head of Scientific Area, CIHEAM Bari) ; M. Abdelouahid Fouial, expert principal à l’unité de gestion intégrée des ressources (CIHEAM Bari) ; M. Omar Bessaoud, administrateur scientifique principal (CIHEAM Montpellier); M. Ramzi Belkhodja, administrateur principal et responsable de la formation (CIHEAM Zaragoza) ; ainsi que Mme Yasmine Seghirate, Administratrice au Secrétariat général du CIHEAM, point focal leadership des femmes et des jeunes. La délégation a activement participé aux travaux des ateliers thématiques consacrés à l’optimisation de la production des filières stratégiques, la régulation des marchés, la gestion durable des ressources naturelles, les systèmes d'information agricole et transformation numérique, le foncier agricole et organisation des exploitations agricoles ou encore la modernisation des Institutions et de la gouvernance.
Le pays à la croisée de ses progrès et de ses défis structurels
Dans son allocution, le ministre Yacine El Mahdi Oualid a dressé un état des lieux lucide du secteur agricole algérien, soulignant à la fois ses avancées et les défis structurels à surmonter. Il a rappelé que l’agriculture contribue à hauteur de 14,5 % du PIB national et emploie plus de 2,6 millions de personnes, tout en n’exploitant que 8,5 millions d’hectares, soit 3,6 % de la superficie totale du pays. Le rendement moyen en céréales demeure limité à 18 quintaux par hectare, contre 35 quintaux dans des pays au climat comparable, tandis que la productivité laitière plafonne à 3 000 litres par vache et par an.
Le ministre a également signalé que 20 à 30 % de la production agricole sont perdus chaque année faute d’infrastructures adaptées de stockage et de réfrigération, et que les techniques d’irrigation modernes ne couvrent que 15 % des superficies irriguées, alors même que le pays n’exploite que 7 % des 100 milliards de m³ de précipitations annuelles. Ces chiffres, a-t-il précisé, traduisent à la fois l’ampleur du potentiel agricole inexploité et l’urgence d’une transformation structurelle fondée sur la science, la numérisation et la gestion rationnelle des ressources hydriques. L’objectif affiché est d’atteindre, d’ici cinq ans, 35 à 40 quintaux de rendement céréalier par hectare et de consolider les bases de la souveraineté alimentaire.
Science, numérisation et gouvernance : les leviers d’une modernisation durable
Si les défis demeurent considérables (faibles rendements, pertes post-récolte, modernisation inachevée des systèmes d’irrigation et dépendance persistante aux importations, etc.), ces contraintes révèlent un potentiel considérable pour une transformation fondée sur la connaissance, la formation et l’innovation.
À travers ses quatre Instituts et son Secrétariat général, le CIHEAM accompagne depuis plusieurs décennies les institutions, chercheurs et acteurs économiques dans leurs efforts de modernisation, notamment dans les domaines de la gestion intégrée de l’eau, de l’agriculture de précision, de la valorisation des productions locales et de la formation des cadres. Cette nouvelle orientation du gouvernement algérien, articulée autour de la création d’un Conseil scientifique national pour la sécurité alimentaire, de la mise en place d’un système d’information agricole unifié et du recours accru aux technologies satellitaires et à l’intelligence artificielle, ouvre de nouvelles perspectives de coopération bilatérale et régionale dans le cadre des programmes du CIHEAM.






