Systèmes agroalimentaires méditerranéens : le CIHEAM plaide pour une approche collective et résiliente à l’OCDE
Paris, 21 mai 2025 – Invité à intervenir lors de la 24ᵉ Réunion plénière de l’OCDE sur les chaînes de valeur mondiales, la transformation de la production et le développement, le CIHEAM a appelé à repenser les politiques agricoles et alimentaires dans l’espace euro-méditerranéen à l’aune des crises systémiques actuelles.
Intervenant notamment à la session de clôture, Teodoro Miano, Secrétaire général de l’Organisation, a souligné que la région méditerranéenne fait aujourd’hui face à une "tempête parfaite", conjuguant instabilités politiques, tensions géopolitiques, stress hydrique et environnemental, précarisation des zones rurales et flambée des prix alimentaires. Ces pressions, aggravées par les effets du changement climatique et les fragilités des chaînes de valeur mondiales, appellent à des réponses coordonnées.
Le CIHEAM a mis en avant trois leviers essentiels pour faire face à cette complexité:
- L’innovation au service de la durabilité alimentaire : réduire les pertes et gaspillages, préserver la biodiversité, diversifier les sources d’approvisionnement et intégrer les logiques de circularité. Le Secrétaire général a rappelé la nécessité de soutenir les modèles de formation et de recherche appliquée ancrés dans les territoires.
- Le renforcement des circuits alimentaires locaux et régionaux : tout en soulignant l’importance du commerce international, le CIHEAM a insisté sur le rôle stabilisateur des filières agricoles territorialisées et a plaidé pour une meilleure articulation entre production, transformation et consommation au niveau local.
- La reconnaissance du rôle stratégique des jeunes et des femmes : à travers l’entrepreneuriat agricole et les formations aux métiers de la transition, en particulier dans les domaines de l’agroécologie, du numérique et des sciences alimentaires. Un appel a également été lancé pour renforcer la place des femmes dans les filières STEM, en particulier dans les technologies du food-tech.
Une diplomatie scientifique pour rapprocher les priorités
Le CIHEAM a également insisté sur la nécessité d’ancrer ces transformations dans une diplomatie scientifique active, qui facilite le dialogue entre acteurs politiques, chercheurs, société civile et secteur privé. Cette approche, déjà mise en œuvre à travers des forums, des réseaux techniques et des publications de référence, vise à faire converger les connaissances et à mieux anticiper les vulnérabilités.
Résonance avec la souveraineté alimentaire
Enfin, le CIHEAM a rappelé les conclusions de sa dernière réunion ministérielle (Rabat, octobre 2024) consacrée à une "approche méditerranéenne de la souveraineté alimentaire". Le lien entre sécurité alimentaire, coopération régionale et stabilité politique y a été clairement établi.
Dans un contexte où l’avenir des chaînes agroalimentaires est de plus en plus débattu au niveau mondial, le CIHEAM propose une lecture méditerranéenne des transitions à mener : fondée sur la solidarité entre les rives, la valorisation des savoir-faire agricoles, et la relocalisation intelligente des chaînes de valeur, sans rupture avec les dynamiques globales.
L’Organisation a également salué les efforts de l’OCDE pour favoriser une meilleure intégration des pays du Sud dans les débats sur l’avenir de l’agroalimentaire et du commerce. À ce titre, le Pacte pour la Méditerranée, proposé par la Commission européenne, pourrait constituer une opportunité stratégique pour articuler politiques de développement, coopération scientifique et stabilité régionale.