Les défis liés à l'eau dans la région méditerranéenne : coopération et échange de connaissances
Med Dialogues, 17 octobre 2025, Naples (Italie)
Le 17 octobre 2025 à Naples, Mme Frida Krifca, Présidente du Conseil d’administration du CIHEAM, est intervenue lors de la session « Water Challenges in the Mediterranean Region: Cooperation and Exchange of Knowledge », organisée dans le cadre de la 11ᵉ édition des MED Dialogues, la principale conférence consacrée à la Méditerranée, promue par le ministère italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et l’ISPI (Italian Institute for International Political Studies).

Intervention de Mme Frida Krifca, Présidente du Conseil d’administration du CIHEAM
Aux côtés de M. Nasser Kamel, Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, Mme Maria Spena, Présidente du Comité One Water et M. Alain Meyssonnier, Président de l’Institut Méditerranéen de l’Eau, Mme Krifca a rappelé que la Méditerranée demeure l’une des régions les plus touchées au monde par la pénurie hydrique, avec quinze des vingt pays les plus affectés.
« La rareté de l’eau n’est pas seulement un enjeu environnemental, a-t-elle affirmé. C’est une question stratégique de stabilité, de sécurité et de cohésion sociale. »
Elle a souligné les profondes disparités entre les deux rives, la concurrence croissante entre les usages agricoles, urbains et industriels, ainsi que les effets amplificateurs du changement climatique sur la production agricole, la santé des écosystèmes et la sécurité alimentaire.
S’appuyant sur l’expérience et le réseau du CIHEAM, Mme Krifca a évoqué plusieurs initiatives illustrant les bénéfices du dialogue et de la coopération régionale. Elle a notamment mentionné le projet REACT4MED, qui soutient la restauration des terres et la gestion durable de l’eau dans les zones arides, ainsi que l’initiative One Water, qui relie les pays de la Méditerranée, du Moyen-Orient et des Balkans en vue du Forum euro-méditerranéen de l’eau, prévu à Rome en 2026. Elle a également cité le Med Water Lab, développé avec la Région des Pouilles, qui réunit chercheurs, décideurs et jeunes innovateurs pour concevoir de nouveaux modèles intégrés de gestion des bassins versants.
Mme Krifca a enfin insisté sur la nécessité de repenser les systèmes alimentaires afin d’en réduire l’empreinte hydrique, rappelant que la Diète méditerranéenne, modèle d’équilibre entre santé, durabilité et culture, demeure une source d’inspiration pour une production et une consommation sobres en eau.
En conclusion, elle a appelé à dépasser les postures incantatoires pour affronter, avec lucidité, la réalité d’une ressource menacée. Face aux tensions qui s’annoncent et aux risques qu’elles portent pour la stabilité régionale, ne pas coopérer n’est plus une option. La diplomatie bleue, a-t-elle affirmé, doit devenir un instrument de réalisme partagé : non pas une promesse idéaliste, mais une nécessité stratégique pour préserver la paix, la sécurité et l’avenir des sociétés méditerranéennes.